David Jacoby (1928-2018)

Cette notice est une version abrégée de l’introduction que Michel Balard a rédigée pour un volume en l’honneur de D. Jacoby, et que, très aimablement, il a bien voulu nous transmettre et nous autoriser à utiliser pour honorer la mémoire de D. Jacoby.

David Jacoby (1928-2018), un passeur entre Orient et Occident

Né à Anvers le 24 février 1928 de parents d’origine polonaise et russe, David Jacoby passe en octobre 1942 en Suisse avec sa famille pour fuir les persécutions des nazis. Après la guerre il tente de parvenir clandestinement en Palestine sous mandat britannique, mais est saisi par les Anglais et conduit en Chypre. Il arrive en Palestine en décembre 1947. Après un engagement dans la Hagana, l’armée secrète juive, il sert dans les Forces de Défense d’Israel et est blessé pendant la guerre de 1948. A l’automne 1949 il commence ses études d’Histoire à l’Université hébraïque de Jérusalem. Marqué par l’enseignement de Joshua Prawer, il décide de se spécialiser en histoire du Moyen Age et plus particulièrement en histoire byzantine, spécialité que Prawer souhaitait introduire dans les programmes de l’Université hébraïque. Un choix décisif que vient conforter un séjour de deux ans à Paris où Jacoby prépare, sous la direction du grand byzantiniste Paul Lemerle, son doctorat portant sur « La démographie de la paysannerie dans l’empire byzantin tardif » (1958). Puis David Jacoby commença sa carrière académique à l’Université hébraïque aux côtés de Joshua Prawer et, à partir d’une spécialisation décisivement byzantine, élargit progressivement sa palette pour embrasser tous les aspects des échanges entre l’Orient et l’Occident, tous les acteurs d’une rapide expansion occidentale en Orient à partir du XIe siècle, et tous les lieux de commerce fondés ou développés par les marchands occidentaux, italiens, bien sûr, mais aussi catalans et languedociens. Il en est résulté plus de deux cents articles, regroupés pour la plupart dans neuf volumes de la série « Variorum Reprints » et qui couvrent une grande part de l’histoire de la Méditerranée au Moyen Age. Byzance, l’islam, les Juifs, les marchands occidentaux, les pèlerins, les Latins installés en Terre sainte, les réseaux commerciaux, les échanges culturels, rien n’échappe à l’attention érudite de notre collègue. Passeur entre l’Orient et l’Occident, David Jacoby, pour paraphraser un mot célèbre, fut vraiment « ce cavalier qui partit d’un bon pas » explorer un monde méditerranéen dont il sut, avec talent, depuis près de soixante ans, diffuser la connaissance auprès de la communauté scientifique la plus large.

Michel Balard